Le voyage d'un bibliothécaire en Arménie

Je suis devenu bibliothécaire et archiviste par pure coïncidence. Je n'ai jamais cherché à faire ce métier étant enfant, mais des circonstances diverses m'ont conduit dans le monde des bibliothèques. Dès le début de mes études supérieures, je savais que je voulais travailler avec des documents d'archives et de la littérature arménienne et participer aux efforts de traduction. Avant la crise du COVID, je suivais des cours d'arménien hebdomadaires à l'église de mon quartier dans l’optique de me rendre en Arménie et d'acquérir une parfaite maîtrise de la langue. Cependant, la pandémie a mis à mal ces plans, mais m'a permis de poursuivre des études supérieures en bibliothéconomie. Outre les avantages évidents de l'apprentissage d'une seconde langue, voyager en Arménie signifiait pour moi de commencer à appréhender et à participer aux études arméniennes et de développer mes compétences en tant que bibliothécaire. La possibilité de vivre en Arménie, qui n'avait existé que dans mon esprit toute ma vie, était une perspective attrayante.

LA DÉCOUVERTE DE MON LIEU DE TRAVAIL

Birthright Armenia a été le vecteur qui m'a offert le meilleur chemin possible pour vivre et travailler en Arménie. Ce fut agréable d'apprendre que Birthright pouvait offrir tout le soutien nécessaire pour effectuer une telle démarche tout en respectant l'autonomie des participants. Par l'intermédiaire du personnel de Birthright, j'ai contacté l'Institut de recherche en sciences humaines Ashot Johannissyan. J'ai été intéressé par la mission de l'Institut Johannisyan, car elle correspondait à mes intérêts universitaires. La mission de l'Institut consiste, entre autres, à mettre à jour une histoire intellectuelle oubliée et incomplète en Arménie et dans la diaspora. La récupération de divers fragments de textes historiques et de critiques d'art ne se limite pas aux seuls intérêts universitaires, mais à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire et à la prolifération de la vie intellectuelle, culturelle et artistique arménienne. La bibliothèque Johannisyan a vocation à contribuer à la réalisation de cette mission, à fournir des ressources essentielles aux chercheurs et à créer une atmosphère propice à la collaboration.

En fin de compte, la rencontre avec le personnel, les chercheurs, les artistes et l'ensemble de la communauté soutenue par l'Institut m'a facilement convaincu de choisir cet endroit comme lieu de travail. Notre équipe de chercheurs, d'artistes et de personnel est composée de personnes extraordinaires, dévouées et merveilleuses. Le soin et l'attention qu'ils apportent à l'Institut, leur travail et leurs relations les uns avec les autres ne ressemblent à aucun autre endroit où j'ai travaillé. L'accueil chaleureux que j'ai reçu et la transition sans difficulté vers les activités de la bibliothèque Johannissyan ont réaffirmé mon désir de continuer à parler couramment et à comprendre l'arménien.

LES BIBLIOTHÈQUES, REFLETS DE NOTRE SOCIÉTÉ ACTUELLE ?

Les bibliothèques du monde entier sont confrontées aux effets des conflits sociaux, politiques et économiques propres à leur situation géographique et aux processus mondiaux interconnectés (tels que la pandémie, la guerre russo-ukrainienne et le changement climatique). La bibliothèque Johannissyan et les autres bibliothèques d'Arménie ne sont pas différentes. Elles sont le reflet de la société dans laquelle elles existent.

Néanmoins, les bibliothécaires, les chercheurs et les archivistes du monde entier continuent de produire, d'organiser, de préserver et de rendre accessible le savoir que le public désire et dont il a besoin pour s'informer et exercer son esprit critique. Le savoir et l'information voyagent comme des rivières déchaînées à travers les frontières, les nations et la diaspora.

Se considérer chanceux d'être une gouttelette dans un tel fleuve est un euphémisme.